>Avec le bois, créer les conditions d’une convivialité
Avant d’être galvaudé par les chantres de la productivité au travail, le terme convivial désignait avant tout « le plaisir de vivre ensemble, d’établir une bonne communication », selon Jean Anthelme Brillat-Savarin, et dans une appréciation plus politique signée d’Ivan Illich, « l'ensemble des rapports autonomes et créateurs entre les personnes d'une part, et des rapports entre les personnes et leur environnement d'autre part ». Part anthropique de notre environnement, l’architecture joue un rôle prépondérant dans ces processus parce qu’elle façonne nos lieux de vie, en se faisant plus ou moins accueillante des échanges sociaux. « L’architecture n’est pas une fin en soi, elle abrite la vie », affirmait Christophe Hutin en présentant son projet d’exposition pour le Pavillon français de la Biennale d’Architecture de Venise 2021. Ce numéro embrasse ce même positionnement, avec une définition de l’architecture comme art de créer des lieux de vie, de rencontres et d’échanges, au service du vivre-ensemble, concept dont l'architecte Hashim Sarkis, commissaire de la Biennale, propose justement cette année de questionner les modalités. C’est ainsi qu’à l’heure où la plupart des lieux de convivialité sont fermés, une petite nostalgie nous a donné envie de regarder attentivement comment, au-delà du programme, l’architecture de ces lieux participe à créer les « conditions d’une convivialité » - pour reprendre les mots de l’architecte-urbaniste Silvia Grünig Iribarren, auteure d’une thèse sur Ivan Illich et le concept de ville conviviale - et comment le matériau bois, spécifiquement, en est un des outils, par les ambiances qu’il fabrique autant que par les processus qu’il induit.
Sarah Ador
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