« Pour mettre du bois en façade sur de la grande hauteur il faut construire en béton », ironise l’architecte Nicolas Ziesel, co-fondateur de l’agence KOZ. En effet, suite à la parution en 2010 de l’instruction technique 249 (IT249) relative aux façades, applicable aux établissements recevant du public (ERP) de 1ere à 4e catégorie ainsi qu’aux bâtiments d’habitation des 3e et 4e familles, la filière bois a dû faire un long chemin pour fiabiliser des solutions constructives de façade bois à bardage ventilé compatibles avec la réglementation incendie. Et il reste encore aujourd’hui plus simple de réaliser un bardage bois sur un bâtiment en béton que sur une ossature bois. Pour cause, plus le bois est présent, plus la masse combustible est importante, augmentant le risque de propagation du feu. Néanmoins, le recours aux façades à ossature bois (porteuses ou non porteuses) dans les ERP et immeubles de moyenne hauteur est très pertinent à l’égard des objectifs de décarbonation de la construction, car « la façade représente presque le même poids que la structure dans le bilan ACV d’un bâtiment », explique l’architecte-ingénieur François Consigny, Président du BET Elioth et de la commission technique règlementaire et transition énergétique d'ADIVBois. Pour ce faire, la Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment (CAPEB), l’Union des Industriels et Constructeurs Bois et biosourcés (UICB), l’Union des Métiers du Bois - Fédération Française de Bâtiment (UMB-FFB), et France Bois Forêt (FBF) s’étaient lancées dès 2012, dans le cadre du Plan Bois I - Levée des obstacles à l'utilisation du bois dans la construction, sur une campagne d’essais de trois ans, financée par le CODIFAB , la Direction de l'habitat, de l'urbanisme et des paysages (DHUP) et FBF. Cette série d’essais LEPIR2 (Laboratoire Expérimental par Incendie Réel à deux niveaux) , avait donné lieu à un premier guide, en 2016, dans lequel les dispositions étaient finalement plus contraignantes que prévu. Cette version avait été amendée en mars 2019 suite à d’autres essais, mais les arrêtés du 7 aout 2019 l’avaient rendu obsolète assez rapidement, notamment à cause de l’adoption, dans cette nouvelle mouture de la réglementation, du classement feu européen en remplacement des classements M, de l’obligation de justifier les performances des enveloppes par une appréciation de laboratoire (APL), et d’exigences renforcées à l’égard des immeubles de 3eme et 4eme famille (renommée immeubles de moyenne hauteur (IMH)), notamment en termes de propagation latérale du feu et de chute d’objets. Dans cette dernière version, il a pu être prouvé « que les solutions issues des essais étaient assez robustes en termes de propagation latérale, tout comme en termes de chutes d’objets » et « encore efficaces dans les IMH », avec des précisions sur la nature des écrans thermiques nécessaires dans ces constructions-là, explique Grégoire Pianet, ingénieur Construction Bois Sécurité Incendie à FCBA, précisant que le CSTB et FCBA valident avec ce guide des solutions dites « collectives », pouvant être prescrites sans appréciations techniques d'expérimentation (ATEx) ni APL complémentaires "propriétaires", pour autant que la conception envisagée rentre scrupuleusement dans le champ d'application de cette APL sur solutions génériques. [...]
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