L'info + I Valorisation des gros bois

Rédigé par Lucie BAGUELIN
Publié le 30/06/2023

Article paru dans Séquences Bois n°141

Lorsqu’il s’agit de grandes portées nous nous orientons bien souvent vers les bois d’ingénierie auxquels on reproche une transformation très énergivore. Pourtant, il semble exister une pépinière de “poutres équivalentes”, qui pousse naturellement dans certaines de nos forêts. Ces poutres en question, ce sont les gros bois. Autrement dit, ces arbres aux gros diamètres dissimulant sous leurs écorces fentes de cœur, roulures, poches d’eau dus aux traumatismes de l’ancienneté. Or dans certaines régions, au-delà de 60 cm de diamètre, ces troncs n’intéressent plus les scieries, craignant l’effet “Kinder Surprise”. 

Valoriser ces ressources inexploitées, c’est la mission que s’est donnée Dominique Molard, architecte et fondateur de l’agence Archipente. L’architecte rêve alors d’un usage opportun pour valoriser ces bois en s'inspirant des travaux de Julius Natterer sur les tabliers massifs en ouvrages d’art ou planchers de bâtiments agricoles allant jusqu’à 15m de portée. C’est ainsi qu’éclot le projet fou du nom de STENT : dans son imagination débordante, un tablier bois/béton, verrait le jour sur les 20 km d’autoroute reliant Saint-Chamond à Givord, au-dessus de l’A47 engorgée. 

Mais dès lors qu’une logique de ralentissement sociétal semble inévitable, nous pouvons nous questionner sur la pertinence du programme proposé. Se pose aussi la question du débardage de ces bois. Alors que le projet implique le déplacement de grumiers et l’emploi d’instruments ravageurs de sols, des alternatives se dessinent. Si la nécessité de rester local semble évidente, la mobilité des scieries est un itinéraire bis à explorer. Etienne Lescure, scieur mobile, affirme pouvoir couper de gros diamètres en plus de dispenser la planète de déplacements énergivores “sur ce chantier j’ai scié un douglas de 15m3 avec un diamètre de 1m10”. 

De même, une possibilité se développe afin d’échapper aux débits inutiles. Les sources à rayons X de scanners dressent ainsi un diagnostic interne du bois afin de permettre le débit approprié au besoin. Si le système est pour l’instant clairsemé à travers l’Europe et le monde, la création d’un réseau coopératif pourrait le démocratiser auprès des scieries semi-industrielles. 

En somme il  existe indéniablement un enjeu d’innovation dans les procédés de transformation des gros bois, et Stent expérimente un système constructif intéressant, qu’il serait probablement intéressant d’explorer dans d’autres domaines programmatiques, avec une attention accrue des méthodes de prélèvement en forêt. Mais surtout en se questionnant, toujours, sur la nécessité de l’exploiter.

Les articles récents dans L'info en +

INFO EN + I CARTOGRAPHIE FRUGALE Publié le 02/04/2024

Créée en 2020, à l’initiative du mouvement de la Frugalité Heureuse et Créative, la… [...]

INFO EN + | Nouveau numéro dans la collection B.A. Bois du CNDB Publié le 19/12/2023

Depuis près de 35 ans, le CNDB crée des supports techniques à disposition des acteurs… [...]

INFO EN + | G.DU.BOIS, Les feuillus sous la lumière Publié le 08/09/2023

Les forêts françaises sont constituées à plus de deux tiers d’essences feuillues (cf… [...]

INFO EN + | LE BOIS AÉRIEN Publié le 28/12/2022

Alors que nous évoquions la reprise du transport fluviale de bois, une… [...]

L'info en + | AVOIR DU FLAIR Publié le 08/11/2022

Les nouveautés dans le monde de la foresterie ne sont pas seulement basées sur des technologies… [...]

UN BONUS DE CONSTRUCTIBILITÉ POUR LES CONSTRUCTIONS BIOSOURCÉES Publié le 01/04/2022

Devoir renoncer aux planchers bois — nécessairement plus épais que les planchers béton — pour… [...]