Ses réalisations ont une sorte de signature technique. Son travail, fondé sur une "réinterprétation" des savoirs anciens de la charpente, ne se positionne pas dans l’opposition de cette histoire, mais y intègre les connaissances plus récentes, comme celles tirées de la charpente métallique contemporaine, toujours en (re)valorisant le bois. Son désir d’enrichir le projet en s’impliquant le plus tôt possible auprès des architectes lui permet de participer à la genèse et d’"être ensemble, gribouiller sur nos calques et confronter nos idées » ! Un "charpentier épris d’architecture" comme il se décrit lui-même.
Après avoir obtenu un diplôme d'ingénieur en mécanique des fluides, il décide de devenir charpentier, à la recherche du contact avec la matière, avant de rencontrer Roland Schweitzer à l’école d’Architecture de Paris-Tolbiac, qu’il suit à Lausanne où il assiste à l’enseignement de Julius Natterer, Roland Schweitzer et Wolfgang Winter. Dès lors, il est convaincu de l’intérêt d’utiliser du bois massif, plutôt que des bois transformés industriels, en renouvelant les savoir-faire associés. La facette que l’on découvre ensuite, est celle de l’homme critique. Il analyse finement la filière qui, à ses yeux, valorise trop le lamellé-collé ou tout autre produit industriel traité, mais aussi la société du 20° puis du 21°siècle. Dans les deux cas, le développement durable est au cœur de ces inquiétudes. Alors, aujourd’hui, Jacques tisse des liens, il construit des ponts.
Ayant eu la chance de participer à l’association "Assemblages", mis en place par Jacques, j’ai pu mesurer la dimension humaine de cette démarche d’entraide. L’association est « née après un voyage au Mali et la construction de l'école à Tionkwy en 2002. » A son retour, Jacques décide de réunir un certain nombre de personnes motivées par l’idée de partager, à la fois les compétences, mais aussi les lieux d’intervention possibles. "Assemblages" voulait être à la fois un conservatoire des différentes techniques liées à l’emploi du bois, et un ouvroir, tentant d’illustrer et de diffuser des exemples concrets de réalisations modestes : écoles, dispensaires, passerelles…, qu’elle contribuerait à financer. «L’école était en brique de terre crue et on avait construit le toit. Tout le monde avait participé ! ». C’est un honneur de pouvoir, à nouveau, échanger avec Jacques, et le partager à travers cet entretien. (...)