Orchestré par ITAR Architecture, et réalisé par Ossabois, ce projet vise à remplacer les 286 chambres et espaces collectifs du foyer existant par 283 logements autonomes, permettant d’affirmer le rôle de « résidence tremplin » de ce lieu dédié à l‘insertion sociale par le logement depuis 1976. Composé de deux édifices en L encadrant un jardin, ce projet réalisé en site occupé est construit en plusieurs étapes. Alors que les premiers modules sont d’ores et déjà « empilés » autour du socle et des circulations béton coulés à proximité du bâtiment existant, le fonctionnement du foyer perdure intact. Une fois cette première tranche terminée, on déconstruira une portion du bâtiment existant, et l’on relogera les habitants dans la nouvelle construction, sans délai, dès le mois de septembre. Il en sera de même jusqu’à ce qu’il ne reste que la portion centrale, démolie en dernier pour faire place au jardin. Composé de trois types de T1 – 17m² pour les personnes seules, 20m² à destination des ménages mère-enfant, et 30 m² pour les couples –, le projet comprend 230 modules entièrement préfabriqués (structure, menuiseries, réseaux et équipements sanitaires) et 53 logements spécifiques (situations d’angles, dimensions ne permettant pas le transport routier), assemblés sur place à partir de modules de plancher et de façade préfabriqués. Lauréate de la procédure de dialogue compétitif, l’entreprise Ossabois a été choisie pour son approche modulaire 3D. Il faut dire que ce mode de construction est ici particulièrement adapté, non seulement parce que le programme est très répétitif, mais surtout parce qu’il permet une rapidité de mise en œuvre impressionnante et un dérangement minimal des résidents, tout en permettant d’assurer une isolation acoustique efficace en filière sèche. En effet, 118 modules finis (il ne reste qu’à les brancher sur les réseaux et à installer la literie) ont été mis en œuvre en l’espace de trois semaines. C’est l’œuvre d’une mécanique bien huilée : huit fois par jour, toutes les heures, un convoi exceptionnel en provenance de l’usine vosgienne livre deux modules, ensuite levés dans le plus grand silence au moyen d’une grue à tour. Sous l’apparente facilité, l’opération demande tout de même beaucoup de minutie dans le calage. Les modules inférieurs sont ancrés aux fondations par des ferrures verticales noyées dans le béton, et les supérieurs assemblés les uns aux autres par des ferrures latérales. Entre deux modules, le dédoublement des parois pourrait être vu comme un surdimensionnement, mais il a l’avantage de régler les problématiques d’acoustique grâce au principe masse-ressort-masse garanti par un vide d’air de 4cm maintenu entre deux parois. Dans le sens vertical, 43cm de complexe bois/isolant séparent deux niveaux, sans aucun recours au béton. À l’intérieur, l’économie de moyens est pertinente : nulle trace de plaque de plâtre car les panneaux de contreventement MFP peints en blanc jouent le rôle de parement, tout en rappelant la nature biosourcée de la construction, invisible par ailleurs. À l’extérieur, « l’empilement » sera à terme enveloppé d’un manteau de 60mm d’isolant complémentaire ainsi que d’un pare-pluie, et couvert de tuiles ou d’enduit. Se refusant à assumer la logique constructive du projet (qui pourrait être mal perçue ?), les architectes ont inventé un jeu d’association des fenêtres qui rend invisible la lecture des modules. Une question se dessine : hormis sur la façade, quelle est la plus-value d’un architecte dans un projet de ce type ?