Ce travail d’architecture - et sa diffusion - formule, bien sûr, la possibilité de construire sans produits énergivores, mais surtout que la discipline architecturale peut se transformer, muter, pour devenir écologique. L’ouvrage retrace ainsi le chemin parcouru par chacun des matériaux depuis le gisement à la transformation et mise en œuvre, jusqu’à sa fin de vie. En offrant aussi des réflexions plus larges sur des thématiques variées - réemploi, sylviculture raisonnée, circuit court, préservation des savoir-faire, insertion – il mélange des témoignages d’acteurs du chantier ou d’experts autour deplanches d’illustrations pédagogiques (un accès augmenté à des vidéos produites parallèlement complète même ce travail). Si les photographies de matières, de chantier ou de la réalisation finale sont très belles, l’ouvrage fait surtout la part belle aux portraits d’acteurs des différentes filières et valorise leur engagement et leurs savoir-faire. « Disons-le, toutes ces personnes sont des hors-normes, des non-alignés par choix – et nous ne sommes pas loin de les voir comme de vrais héros de notre temps ! ».

La dernière partie apporte enfin une synthèse réflexive et critique sur le travail engagé, explorant les limites matérielles et économiques, mais surtout humaines, en se confiant avec honnêteté sur les nuits d’insomnies ou les sacrifices engagés. Si tout n’a pas vocation à être réplicable, l’ouvrage nous démontre ce qu’il est possible de faire à l’échelle locale, réinjectant beaucoup de sens dans l’acte de bâtir. « Il fallait voir les yeux ronds des entrepreneurs stupéfaits de découvrir autant de joie et d’énergie parmi les participants bénévoles (…) le chantier devenait un lieu de possibles, où il faisait bon enseigner et apprendre, goûter à de belles histoires amicales ou amoureuses, où il faisait bon vivre tout simplement ».

Le tour de france des maisons écologiques, Anatomies d’architecture, photos Olivier Sabatier, illustrations Félix Rouvier, éd.Alternatives, 240 p., 2023, 28 €