En racontant ses questionnements (faussement ?) naïfs du quotidien, face à une palette, une cagette, du carton, des bouchons en liège ou du charbon pour le barbecue, celle-ci nous emmène avec un ton léger et pédagogique explorer les modes de gestion lignicoles, les systèmes industriels mondialisés et les plateformes logistiques dont dépend leur présence dans notre quotidien. Avec une certaine retenue journalistique, dans la première partie, Agnès Stienne propose une compréhension globale et transversale des tenants et aboutissants culturels, écologiques, sanitaires, esthétiques et politiques des processus de transformation des arbres en matériaux et objets. Le propos n’est de fait pas sans rappeler l’exposition « Cambio », imaginée à la Serpentine Gallery par le studio Forma Fantasma (voir la note parue dans Séquences Bois), qui explorait déjà ces enjeux. De l’exposé scientifique et statistique au carnet de bord amusé, de l’exercice de prospective politico-urbanistique à la poésie d’un arboretum farfelu, Agnès Stienne rassemble dans cet ouvrage des chapitres dont le registre pluriel est aussi peu caractérisable que leur logique d’ordonnancement général – qui s’avère finalement plutôt divertissante. Enrichissant l’hybridité de l’ensemble, les textes sont illustrés de graphiques et de cartes exclusivement dessinés par l’auteure, dont la sensible esthétique aquarellée rend la lecture agréable, tandis que les chapitres se closent sur de curieuses interprétations sculpturales fabriquées à partir de cueillettes forestières. 

Bouts de bois, des objets aux forêts, Agnès Stienne, éd. La Découverte, Zones, mai 2023, 192 p., 23 €