Penser l’architecture à l’aune de son cycle de vie
Les logements sont désormais tenus à un seuil maximum d’émissions de CO2 par mètre carré1 qui sera progressivement abaissé jusqu’en 2031 pour atteindre les objectifs de la Stratégie Nationale Bas Carbone, contrainte qui concernera prochainement les bureaux et bâtiments d’enseignement. Pour assurer la conformité des constructions à ces seuils, toute démarche de conception architecturale intégrera dorénavant une analyse de cycle de vie (ACV) des matériaux de construction et équipements mis en œuvre2. Celle-ci sera établie d’après l’empreinte carbone de chaque élément3, composée des émissions dues à chaque étape de son cycle de vie : son extraction et/ou sa fabrication, son cheminement jusqu’au chantier et sa mise en œuvre, mais aussi sa fin de vie : incinération, enfouissement, recyclage… Ainsi, un haut degré de transformation, une cuisson à très haute température, une provenance lointaine ou une faible propension au recyclage sont des facteurs qui pénaliseront certains matériaux. Parce qu’ils nécessitent peu d’énergie d’extraction et de transformation, les biosourcés semblent ainsi, par nature, constituer un bon moyen de répondre à cette nouvelle réglementation. Mais que représente la substitution de matériaux carbonés par des matériaux biosourcés à l’échelle du cycle de vie total d’un bâtiment ? En somme, la RE2020 est-elle en mesure d’induire de conséquents changements de paradigme dans le choix des matériaux ?
L’ACV dynamique : une opportunité pour les matériaux biosourcés
Dans un webinaire dédié à la place du bois à l’ère de cette nouvelle réglementation, organisé en novembre 2021 par Fibois Sud, l’ingénieur Frédéric Rossi (BET Esteana) a pu répondre à la question. En parallèle, réalisée dans le cadre d’une étude du Hub des prescripteurs bas carbone4, l’ACV comparative de plusieurs systèmes constructifs et choix de matériaux permet de mesurer les incidences concrètes que la RE2020 va engendrer sur nos façons de construire.
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1. 740 kg CO2/m² à 490 à partir de 2031 pour le logement collectif / à comparer à la moyenne des logements collectifs ayant été étudiés dans le cadre de l’expérimentation E+C-. 1 342 kg CO2/m² (source : Baromètre du Hub des prescripteurs bas carbone)
2. Indicateur IcConstruction, un des sept critères de la RE2020, comprenant notamment les besoins bioclimatiques, le confort d’été, les consommations énergétiques
3. Consignée dans une fiche de déclaration environnementale et sanitaire (FDES) de la base INIES
4. Animé par l’IFPEB (Institut Français pour la performance du bâtiment) et Carbone4 (cabinet de conseil spécialisé dans la stratégie carbone