Après vingt mois de chantier et quatre ans d’études depuis l’appel à projets Réinventer Paris, le bâtiment est l’aboutissement d’un projet tout à fait singulier, de par son programme, son implantation, son positionnement à l’égard de l’existant mais aussi son mode constructif, entièrement bois, au cœur de Paris. En effet, les architectes ont dû composer avec les anciens bains-douches Castagnary, bâtiment art-déco des années 30 construit en poteaux-poutres de béton et couvert d’un parement brique, situé à la pointe d’un ilot du 15e arrondissement. Véritable monument de quartier, son extrémité la plus emblématique a été conservée tandis sa partie arrière, moins intéressante et trop basse à l’échelle du quartier, a été démolie. Ce choix a permis de construire un immeuble de neuf niveaux en forme de L ouvert, mitoyen aux murs aveugles de l’ilot côté nord, et mono-orienté sud, tout en conservant une cour traversable entre la partie réhabilitée et cette nouvelle construction. Cette implantation est habile d’un point de vue bioclimatique : la face nord est au chaud, la face sud est largement ouverte sur les apports solaires, les balcons et la végétation grimpante jouant respectivement le rôle de casquette et de brise-soleil durant l’été. Accueillant dix-sept appartements de trois ou quatre colocataires, le projet a nécessité beaucoup de travail d’adéquation entre le programme et la structure : il s’agissait de trouver une trame optimale des deux points de vue. 2m50 est ainsi à la fois un module de largeur de pièce, mais aussi l’entraxe des poteaux bois. Posé sur une grande dalle béton de répartition, le bâtiment est en effet entièrement construit en épicéa à partir du rez-de-chaussée, cages d’escalier et d’ascenseur y compris. Toutes les parois séparatives sont réalisées en CLT, et un système de poteaux-poutres constitue la façade, portant les balcons en porte-à-faux. S’étant donné comme objectif de garder visibles les plafonds CLT ainsi que les poteaux et poutres bois - ce qui apporte une certaine chaleur aux espaces intérieurs -, les concepteurs ont mené de longues études pour dessiner les pièces et assemblages qui resteraient apparents. Ensuite entièrement découpée et préfabriquée par KLH en Autriche, la charpente a été levée en deux mois, soit une semaine par niveau à quatre personnes. De l’autre côté de la cour, la partie réhabilitée a été convertie en bureaux de coworking, munis d’une façade rideau entièrement vitrée côté cour. La singulière charpente béton des anciens combles y est désormais dévoilée.