La structure 100 % bois, utile démonstration des capacités du matériau dans des temps pionniers, cède la place à des structures hybrides exploitant au mieux les qualités de chaque matériau. Aux murs le bois, aux sols le béton et ponctuellement, le métal. Il s’agit à la fois d’abaisser les coûts, de compenser des faiblesses des planchers bois en acoustique et en thermique (avec le béton), d’introduire ponctuellement un élément porteur fort (l’acier), pour constituer l’âme d’une poutre, y trouver les vides ou passeront les réseaux. Les ouvrages et les éléments s’hybrident. Il ne faut pas y voir une perte de terrain pour le bois, mais un nouvel avatar du rationalisme constructif : employer la matière là où elle est le plus utile. Une réponse adaptée à la pénurie annoncée de matière, à la réduction des énergies grises et de l’empreinte carbone, qui reste importante dans le secteur du BTP. Une réponse qui mobilise aussi plus de matière grise, poussant à l’inventivité des mises en oeuvre et l’intelligence de la construction. Une forme de retour aux sources, aussi. Les constructeurs savent bien que derrière sa façade de pierre, l’immeuble haussmannien est un animal hybride, avec ses planchers en chêne, ses façades en pan de bois enduites sur cour. Avant 1945, la mixité était la règle. Mais l’hybridation n’est qu’une caractéristique des structures bois, qui tirent profit d’une autre qualité du matériau : sa mise en oeuvre hors site, son haut degré d’usinage en atelier. De l’élément bois optimisé pour gagner en résistance mécanique, on passe rapidement à la solution constructive complète, du matériau au composant. En devenant un système constructif complet, le bois assure le gros oeuvre en préparant le second oeuvre, il indique la place des réseaux, l’étanchéité à l’air et l’isolation. L’inventivité des constructeurs et concepteurs laisse espérer encore bien des innovations, à l’instar du procédé Ekilaya, qui propose de réaliser des couvertures provisoires se substituant aux vilaines tentes événementielles, en utilisant des bois bruts de sciages et des formes que n’aurait pas reniées Buckminster Fuller. Bien d’autres solutions restent sans doute à développer, alors que l’on évolue d’une mixité des matériaux à une mixité des systèmes constructifs. [...]