« La filière bois ne doit pas être en deçà de ce qu’attend la société », lança-t-il en préambule de son intervention matinale, dédiée à un état des lieux du tournant écologique. Présenté comme un « régulateur global des écosystèmes », l’arbre, et ainsi le bois, pourrait selon lui se targuer d’un « rôle central » dans une société plus écologique. Mais tout usage du bois est-il sain, écologique, vertueux ? C’est la question que Christophe Catsaros posait ce vendredi au public. Vouloir construire aussi grand, aussi haut que nous l’avons fait en béton, en acier, entrer dans la « course à la performance », recourir au « bois global », « est-ce toujours en phase avec le récit écologique ? », a t’il adressé à l’assemblée d’industriels et de bureaux d’études, parmi laquelle étaient présents quelques architectes bien engagés sur cette voie. Et si nous laissions au contraire « le bois dicter de nouvelles règles » ? Celles qui le caractérisent : sa croissance lente, ses caractéristiques et limites mécaniques, son « déclin naturel, qui ne laisse pas de traces » ? « Promouvoir le bois en général ne suffit plus, il faut aller au-delà de l’image générique du bois », et cesser d’accepter ce qui relève du junkwood - le bois venu de l’autre côté de la planète, les intérieurs en bois densifié dans un SUV diesel, les cuillères en bambou jetables, les meubles de mauvaise qualité en panneaux agglomérés que l’on jette à chaque déménagement - propose-t-il, convaincu que nous devrions l’utiliser au contraire dans une perspective holistique, cohérente, et composer avec sa dimension territorialisée, qui façonne à la fois des produits finis et des paysages. « Dans le Pays-d'Enhaut [situé dans les Préalpes vaudoises, Suisse], l’acte de couper un arbre et de construire sont liés », a-t-il rappelé, prônant la résurrection des petites scieries de montagne et de projets façonnés avec les ressources matérielles et humaines locales, qui participaient d’une « émancipation politique de communautés d’habitants », à la manière de ce qu’expérimente le collectif ROTOR lorsqu’il fait participer les habitants au démontage d’un édifice.
Invité à sa suite, l’architecte finlandais Olavi Koponen a tenu lui aussi à défendre une certaine radicalité, en rappelant que nous nous dirigions vers une élévation des températures de 2,7° C, avec un engagement pour le moment insuffisant du secteur de la construction pour atteindre les -45 % d’émissions de carbone convenus d’ici 2030 (+ 16 % à l’heure actuelle). Qualifié de « Lacaton & Vassal du bois » par Christophe Catsaros, l’architecte a présenté à travers une succession de réalisations en bois et paille sa manière de traduire son engagement en conciliant frugalité et générosité architecturale dans des projets de maisons nordiques comme dans des équipements publics de plus grande envergure en France avec l’agence grenobloise r2k.
Portant sur des programmes sportifs, les quatre démarches de projet présentées ensuite ont permis de démontrer les possibles du matériau bois dans ce secteur, au service d’une architecture moins carbonée, dont l’échelle interroge tout de même les limites de ce que serait une réelle démarche écologique. [...]