La plateforme Matērlocal a été créée pour répondre à cette ambition. Lancée le 20 septembre, elle est née d’une idée originale de l’architecte Alice Perromat qui, après plusieurs années de pratique en agence, a fait le constat que le processus d’approvisionnement local était trop fastidieux pour se généraliser. En collaboration avec un ingénieur-développeur, elle s’est donc lancée en 2019 dans la création d’un outil de localisation et d’information à propos des matériaux disponibles en circuit court, accessible à tous les acteurs désireux de valoriser les ressources du territoire où ils construisent. Gratuite, cette plateforme d’intérêt commun permet en effet d’identifier les fournisseurs de matériaux dans un rayon choisi autour du site de projet, répertoriés par solutions constructives - toiture en chaume, charpente bois, pierre de taille, pisé, etc. -, définies comme les « recettes que l’on peut mettre en place à partir des ressources locales », dont tous les composants sont localisés.
Les experts (architectes, BET) et artisans ayant les compétences de les mettre en œuvre sont également recensés, sur la base de leurs projets réalisés, documentés et imagés, qui permet de « montrer l’importance de la recherche architecturale qu’il peut y avoir par rapport à ces matériaux », explique Alice Perromat, qui a créé sur ce sujet un partenariat avec Le Pavillon de l’Arsenal. Depuis quelques jours, maîtres d’œuvre et fournisseurs sont invités à s’enregistrer sur la plateforme pour élargir la base de données de projets, de matériaux et d’experts. Au stade du prototype, la plateforme va progressivement s’enrichir d’autres données : évaluations environnementales (grâce à un outil simplifié développé en collaboration avec le BET Karibati), labels éventuels, provenance de la matière première... En effet, concernant la filière bois en particulier, c’est le fournisseur du produit fini qui est recensé (exemple : le fournisseur de lamellé-collé), ce qui ne permet pas de garantir la provenance locale du bois, qui devra être mentionnée dans la fiche du produit par l’entreprise elle-même.
À terme, des services en plus comme la mise en relation d’acteurs ou fourniture d’analyses complémentaires, mais aussi des missions d’AMO de type « sourcing » sur mesure, pourraient être intégrés à la plateforme sous forme de suppléments payants. Comptant déjà de nombreux partenariats – Bellastock, Encore Heureux, Nobatek/INEF4, etc –, le duo actuellement en recherche de financements publics travaille aussi au montage de synergies avec d’autres plateformes digitales du secteur de la construction : des moteurs de recherche dédiés aux matériaux de réemploi – potentiellement ressources de proximité –, mais aussi des logiciels comme AGLO – conçu pour faciliter le montage des dossiers de consultation des entreprises – , qui permettraient aux utilisateurs d’accéder à la base de données de Matērlocal, « pour inciter les maîtres d’œuvre à prescrire des matériaux locaux, et à faire appel à des artisans locaux pour leurs appels d’offre », propose Alice Perromat.