Après avoir voulu ce bois attestant de leur engagement écologique, les élus et les maîtrises d’ouvrage - SEM ou bailleurs sociaux - le bannissent de plus en plus des façades, suivi de près par les architectes, plus forcément convaincus de la pertinence du bois dans cette application. En cause, le vieillissement complexe du matériau, cet inévitable grisaillement que ni l’éducation ni l’écologie n’ont pu faire accepter. Le public reste hermétique à ce processus naturel, dont il faut bien admettre qu’il donne, pour une période de transition aléatoire toujours trop longue, un aspect rarement flatteur aux constructions. Alors, le bois, patiné ou dégradé ? La réglementation incendie se charge de clore le débat de façon abrupte, en excluant pratiquement son utilisation en façade sur les batiments de la 4e famille, l’excluant de l’habitat collectif dense.
La mode du « bois sur bois » aura fait oublier que le matériau sait fort bien se mélanger aux autres et ne réclame pas d’exclusive. Depuis des centaines d’années, des structures bois portent la terre cuite ou l’ardoise des toitures, qu’elles combinent avec le métal dans le cas de toits parisiens et de leurs combles brisés. Ces solutions s’étendent progressivement à la façade dans un souci de continuité de l’enveloppe très présent chez les architectes contemporains. Rien de nouveau, donc, dans ce mode de pose. La technique plus récente du bardage ventilé est aussi compatible avec les structures bois, et les murs à ossature bois. Pourtant, que les techniques contemporaines ou traditionnelles soient connues et éprouvées n’efface pas les écueils réglementaires qui en limitent encore l’emploi dans le monde de la construction bois. Le DTU interdit la pose de beaucoup de matériaux au-delà de neuf mètres de hauteur, interdisant de fait l’emploi de ces matériaux hors des constructions individuelles. Pire encore, ces neuf mètres doivent être mesurés à partir du sol, ce qui exclut de contourner la règle dans le cas d’une surélévation d’immeuble, une situation où les problématiques de surcharge des structures existantes conduit souvent à utiliser le bois. Si des avis techniques, parfois quasiment pré-rédigés par les fabricants, peuvent venir à bout de ces résistances, ils n’en compliquent pas moins le chantier et la conception, d’autant que dans certains cas c’est à l’entreprise et non aux fabricants de produits qu’il revient de les porter.
Après les questions juridiques viennent les questions éthiques. Quel matériau serait le plus en accord avec la construction bois ? Nous avons pris dans ce dossier le parti que les matériaux minéraux, parce qu’ils répondent à un champ technique et esthétique qui rejoint les préoccupations des architectes en quête de matérialité. Comme les façades qu’ils habillent, le sujet se décompose en strates. L’isolant précède souvent le revêtement. « Dans le cadre de la construction bois, nous préconisons plutôt d’utiliser des isolants bois que polystyrène, pour des raisons de perméabilité à la vapeur et de logique carbone », explique Jean-Sébastien Lepoudère, responsable des marchés ITE chez Parex, société spécialisée dans la pose d’enduit sur isolant. Souvent, ces systèmes de façade rendent le bois invisible. « Il y a une tendance à faire réapparaître le bois en second plan, sous forme d’éléments verticaux formant des tableaux de baies, par exemple, articulés avec une façade au revêtement plus minéral. Nous étudions un projet de tour qui adopte cette disposition. La justification technique se fait sans problème, explique Matthieu Bryselbout, responsable pour l’offre Façade Industrielle chez Ductal, c’est la demande qui va faire évoluer la réglementation sur ces types de supports ». En somme, alors que l’on chasse le bois des rues, c’est sans doute dans les épaisseurs que le matériau trouvera une nouvelle occasion de sortir du bois, au figuré cette fois. [...]
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