Selon Johannes Natterer, son fils, Julius Natterer a malheureusement perdu son dernier combat, qui était de rendre ses archives accessibles à tous. Il a cependant méticuleusement classé ses ouvrages de référence et leurs traductions, les nombreux articles de presse depuis les années 60, les 60 000 dispositives et les nombreuses maquettes ainsi que les vidéos, pour ne citer que l’essentiel. Les archives se trouvent à Etoy près du lac Léman, là où le Bavarois Julius Natterer s’était installé avec sa famille en 1978 et où il est resté jusqu’à sa mort.
Son décès a incité Yasmina Sandoz à mettre en chantier une exposition pour le 11e Forum Bois Construction, avec l’appui de Johannes Natterer, du photographe Michel Laurent et l’aide financière de l’ENSTIB, école dont l'ingénieur avait été le parrain d’une promotion. Les diapos de Natterer sont vintage et Michel Laurent en a nettoyé plus d’une avant de les photographier. Mais tout cela représente davantage qu’une documentation : en 1978, quand Julius Natterer est arrivé à Lausanne avec le défi de devenir le premier professeur européen de construction bois, il était incontestablement la personne indiquée et il l’a prouvé par la suite comme personne. Si Julius Natterer le Bavarois est arrivé sans parler français, ses élèves de la première génération racontent que ses cours étaient tellement bien illustrés par ses diapositives que ce ne fut tout à fait clair malgré tout.
Julius Natterer n’a cependant pas tout inventé. Son fils raconte : « Mon père a développé le plan cloué. C'est-à-dire les planches posées côte à côte. S'en est suivi, par d'autres génies et développeurs, le plancher chevillé. En lieu et place des clous comme connecteurs, ils ont pris des chevilles en hêtre ». Il n’empêche que le développement du tourillonné doit une part à Natterer qui n’aimait pas le lamellé-collé – mais qui a su l’employer de façon efficace dès 1972 pour le vélodrome des Olympiades de Munich ! Il a gravi étage par étage les records de la construction bois, R+5, R+6 et finalement R+7 à Berlin. Il n’avait pas moins en tête qu’il existait à Ismaning (Allemagne), dans sa Bavière natale, une tour de retransmission en bois d’une hauteur de 150 mètres, et que ce n’était d’ailleurs pas la seule en Europe – puisque la Seconde guerre mondiale a démarré par la fausse attaque de l’émetteur de Gleiwitz, également en bois.
L’expo du Forum reste légère, ne serait-ce que parce qu’il convient de la montrer au Campus Bois de l’ENSTIB durant la première journée de l’événement, puis de la déplacer au Centre Prouvé, et ce pour deux jours. Michel Laurent, photographe, a fait parler le bois de façon efficace, reçu l’aide matérielle d’EGGER à Rambervilliers et de Germain Mougenot à Saulxures. Mougenot, EGGER, ENSTIB, Forum : la France a tout fait pour que le premier événement Natterer sans Natterer ait lieu en France. 30 diapositives agrandies avec cartouches, un diaporama, quelques maquettes. Un grand moment, car les intuitions de l’ingénieur en matière de bilan carbone et d'une nécessaire réduction de l’énergie s'avèrent plus actuelles que jamais. Ce sujet sera évoqué lors de l’atelier B1 le 7 avril à 11h, et en plénière du soir par Johannes Natterer.