Hérissée de pics, ornée de sculptures, augmentée de grilles forgées, la porte en bois a régné en maîtresse sur toutes nos entrées avant d’être détrônée par l’aluminium et le PVC. Avec l’acier, la porte en bois se cantonne à une demande de niche évoluant lentement vers le contemporain, y compris dans la réhabilitation. Équiper sa ferme solognote d’une porte en bois contemporaine n’est plus un sacrilège. Le contraste est de mieux en mieux perçu par des maîtres d’ouvrages privés qui, souvent tenus de refaire toutes les ouvertures de leurs résidences pour des raisons de confort thermique, n’hésitent plus à sauter le pas et se doter de tous les avantages des fermetures modernes, en taille, transparence, etc. « Dans nos gammes disponibles en trois matériaux, ce sont les ventes de modèles bois qui progressent le plus. Le marché de la porte bois a pratiquement disparu sur les références traditionnelles « demi lune », mais pas sur les modèles les plus travaillés. Les gens qui veulent du bois mettent des moyens et l’engagement. Le client qui le choisit recherche une esthétique moderne », constate Éric Brun, directeur marketing chez Atlantem. Le contemporain veut redonner une place centrale au bois, confirme Yann Borgnic chef de marque pour Zilten. « Nous fabriquons aussi bien des modèles traditionnels que contemporains. Dans ce dernier domaine, nous voulons vraiment réinventer la porte en bois, avec des lignes épurées, des pas de lames variables en bois massif. Il faut que le matériau soit visible, il ne faut pas le cacher derrière une laque. Nous cherchons à le révéler et valoriser son identité ». Les bois massifs se retrouvent sur les façades des portes, parfois augmentées de vitrages latéraux ou en imposte, voire intégrés au battant. Le placement d’un dispositif de protection - auvent, renfoncement - est vivement conseillé pour les panneaux en finition bois naturel.
En adéquation avec cette demande, la porte en bois contemporaine relève souvent du produit haut de gamme. Il existe certes un marché d’entrée et de moyenne gamme, de qualité mais peut-être inadapté à une demande paradoxale, désirant se distinguer sans rompre avec le minimalisme. Une exigence contradictoire se résout d’abord par la taille. Les dimensions augmentent, ce qui convient aux systèmes plus sophistiqués d’ouvertures par pivot réclamant un débattement plus grand pour un passage libre identique. Des sociétés quasi artisanales capables de s’adapter à la demande du client réalisent ces entrées sur-mesure à partir de gammes indiquant le champ des possibles. Et leurs capacités à répondre à des contraintes très poussées. L’accent mis sur le design le ferait presque oublier : la porte est un produit technique, qui doit répondre à des problématiques esthétiques, thermiques, sécuritaires, et mécaniques des plus draconiennes. La réglementation thermique incite à renforcer les capacités isolantes et l’étanchéité des portes, réclamant des ajustements au millimètre, tout en ancipant l'intégration d’automatisme s’annonçant toujours plus nombreux (gache électrique, motorisation).
Au final, comment choisit-on sa porte ? « Nos études nous apprennent que l’esthétique est le premier critère de choix, avant même la sécurité et l’isolation thermique » rapporte Éric Brun. Une demande dont les architectes tardent à s’emparer. « Aucun ne m’a demandé de faire une porte sur mesure » affirme M. Bertoli, dont la société éponyme s’est spécialisée dans les moutons à cinq charnières. Appel à mesdames et messieurs les concepteurs : à vos crayons pour dessiner des entrées toujours plus accueillantes… [...]