Article paru dans Séquences Bois n°147 Marc Malinowsky, ingénieur, est décédé le 16 août dans sa maison des Cévennes. Marc avait rejoint le comité de rédaction de Séquences Bois au printemps 2022, passionné par tous les défis constructifs, y compris ceux du bois. Nous nous associons à ses proches et à ses collègues d’ARCHIBUILD Architecture et Ingénierie pour lui rendre cet hommage, simple et sincère. |
Ingénieur co-fondateur du BET Arcora en 1976, créateur du bureau d’études ALTO Ingénierie & Architecture en 1989 et Membre Associé de l'Académie d'Architecture, Marc était reconnu pour son expertise dans les structures légères métallo-textiles, mais aussi les structures bois et les ouvrages de moyennes et longues portées. Amateur de défis, il nourrissait une passion sans fin pour la recherche, l’enseignement, l’art de la construction et l’architecture sans oublier l’astronomie, le tennis de table et l’art contemporain avec Les Amis du FRAC Centre-Val de Loire. Il aimait citer son premier associé, Corentin Queffélec, avec cette phrase qui résonnait profondément en lui : « Le maillon n’est rien, seule la chaîne compte ».
Grâce à sa maîtrise constructive, Marc a laissé son empreinte sur de nombreux ouvrages majeurs. Au rang des projets emblématiques auxquels il avait contribué, citons l’emballage du Pont-Neuf avec Christo ou encore la réalisation de La Tribune du 14 juillet en 1990 sur la place de la Concorde, avec Marie Christine Dorner, qui lui valait d’être d’astreinte à chaque fête nationale depuis plus de 30 ans, sans parler de l’escalier de la Fondation Louis Vuitton, conçu par Frank Gehry qui lui avait donné du fil à retordre... Mais je n’oublie pas les nombreuses réalisations en structure bois qui jalonnent son parcours.
La structure en grille de poutres croisées et cintrées, ultra affinées par le calcul et recevant une verrière pour une petite chapelle en cour anglaise au flanc de la Basilique de Lisieux, livrée en 2022 avec les Architectes Antoine Pélissier-APAW & Benoît Andrier ; un bijou.
Tout dernièrement, le projet en cours du complexe sportif de 6000 m² de l’îlot Kennedy à Lyon de a+ samuel delmas et Taillandier Architectes associés, actuellement en fin d’APS qui verra le jour en 2026. Et encore les innombrables Tennis et installations en structure bois-textile, dont la dernière en date, la halle sportive à St-André-de-Cubzac en Gironde de Julien Delmas, architecte, a été livrée cet été. Marc avait aussi étudié l’étonnante couverture plissée en structure bois du Pavillon d’Interprétation des Thermes Gallo-Romain de Chassenon conçue par Eric Richard, Kero Architectes, membre de notre comité de rédaction.
Et puis l’enseignement : à l’École nationale supérieure d'architecture Paris-Malaquais, Marc a transmis bien plus que des connaissances : il a partagé une passion, une vision, une véritable philosophie de l’ingénierie, marquant à jamais ses étudiants et bien des enseignants par son approche unique et sa grande bienveillance. Derrière l’ingénieur visionnaire se cachait l’ami, un homme d’une rare humanité. Marc Malinowsky était, à bien des égards, le plus jeune d’entre nous. Il laisse derrière lui un grand vide, et nos pensées vont à sa fille, Léonore, ainsi qu’à ses proches.
Marion Cloarec, membre du comité éditorial et anciennement CNDB
Avec Marc (à l’agence, à son agence, au restaurant, n’importe où) nous parlions d’articulation, d’effort tranchant, de gravité, de résistance au vent, d’économie de matière. De la structure de l’architecture à venir, de son comportement. Malino voyait la morphologie d’un édifice comme la morphologie d’un corps humain. L’argent, le tableau excel et les délais contractuels n’étaient pas sa préoccupation.
Souvent retenu (et attendu) ailleurs, il mettait, dès qu’il était présent, toute son intelligence dans la réflexion, une intelligence non artificielle, faite de générosité et de curiosité. Souvent hors délais, hors contrat, hors règlementations. Seule importait la justesse de la solution architecturale, « quand on ne peut ni rien ajouter ni rien enlever » disait-il en citant Saint-Exupéry.
Dédaignant récompenses et institutions Marc semblait animé par une curiosité d’enfant qui le portait d’un projet à l’autre. Observateur des phénomènes naturels autant que des constructions des hommes, il faisait émerger, comme un maïeuticien, dans les esquisses de l’architecte ou dans la maquette d’un étudiant, le potentiel d’un projet, sa raison d’être, sa spatialité.
Marc Maïeuticien, tu arrivais souvent tard à l’agence et partais encore plus tard, quand la discussion sur le projet en cours avait abouti. Tu pars un peu tôt aujourd’hui, sans que beaucoup d’entre nous ne t’ai suffisamment exprimé leur affection et leur gratitude.
Bruno J. Hubert, architecte
MALINO, puisque c’est sous ce surnom que je l’ai toujours connu à l’Ensa de Paris-Malaquais, où j’ai enseigné quelques années, dans les années 2000, était un pilier dans cette école…
C’est Yves Mahieu, un de ses nombreux élèves, qui me l’avait présenté. Nous partagions alors un enseignement, et, en tant que jeunes enseignants à Malaquais, avons vite pris l’habitude de l’inviter à nos jurys de projets, tant ses remarques étaient limpides et toujours percutantes. Il avait cette faculté de comprendre instantanément les intentions d’un projet.
Pour ma part, Marc avait été le premier à m’encourager sur la voie de l’enseignement à la jonction entre la construction et l’architecture…
Ludovik Bost architecte et enseignant à l’Ensa Paris-Belleville
Marc était le plus architecte des ingénieurs, éventuellement un ingénieur vérificateur, mais plutôt un co-concepteur, voir un concepteur car son esprit curieux et large lui permettait de sortir de son rôle initial et de proposer des solutions originales. Il était l’ingénieur qui donnait aux architectes l’envie de comprendre et de pratiquer l’ingénierie. Il a notamment transmis cette envie à Ensa de Paris-Malaquais aux étudiants, mais également aux enseignants.
Tour à tour joyeux, contemplatif, poète, inventif, inspirant, référant… il nous manque !
Yves Mahieu architecte et enseignant à l’Ensa Paris-La Villette
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