Dossier réalisé par Jonas TOPHOVEN Dès que les constructions bois atteignent des formats urbains standard, le revêtement bois tend à disparaître au profit de toutes sortes de solutions réputées compatibles avec la réglementation feu, la pérennité, l’harmonisation avec le décor urbain. Souvent, il est même difficile de discerner si l’ouvrage est construit avec une structure bois. Et souvent, on estime que cela vaut mieux ainsi, dans le sens d’une banalisation de la construction bois. |
Mathrurin Hardel profite de l’occasion du 12e Forum Bois Construction de Lille, dans l’atelier1 consacré aux bailleurs sociaux, pour lancer quelques piques à la filière. Premièrement, dans le cas d’Albizzia, concevoir des façades en se conformant aux ATEx propriétaires conduit à prescrire des solutions avec plaquettes de terre cuite collées, dont la pérennité s’est révélée discutable sur d’autres supports2. Mais au-delà, l’agence parisienne s’interroge sur la réalité architecturale de ces feuilletés de façade induit par les impératifs réglementaires de la filière bois, et qui n’expriment plus rien.
Depuis vingt ans au moins, les architectes aiment marquer le recours à la structure bois par des bardages bois, bien qu’ils préfèrent le claire-voie, largement interdit. En d’autres termes, s’il est imposé dans de nombreux cas de recourir à des revêtements incombustibles, le plus souvent dérivés d’un marché de la façade non biosourcé, ce geste revient-il à gommer l’expression de l’ouvrage, à le maquiller, à dissimuler son message pour l’assimiler à n’importe quelle autre construction émissive passée? Est-il possible de concilier les impératifs réglementaires sans banaliser le signal que constitue la façade ?
Aujourd’hui, si tant est que la réglementation impose souvent des revêtements incombustibles, la réflexion architecturale doit évoluer. De fait, la structure bois est généralement mixte et l’habillage bois devient vite un autre maquillage à n’importe quel type de structure. A l’inverse, des détails bois, comme des menuiseries ou des dispositifs de confort d’été peu émissifspourraient suffire à exprimer la structure en façade. L’enjeu est plutôt de révéler des bâtiments bio et géosourcés, où le bois n’est qu’un aspect du geste.
Plusieurs pistes s’esquissent, si l’on laisse d’abord de côté le travail formel et la trame : l’authenticité avec le recours à des matériaux comme la pierre (ardoise), la brique… ; le réemploi affirmé, pas encore très présent, pour lequel la façade recycle des revêtements anciens ou les détourne ; les nouvelles sur-façades biosourcées créant un sas bioclimatique et technique entre l’extérieur et la paroi principale. Sans oublier la combinaison des trois, puisqu’une solution n’est jamais unique.
Mais, malgré l’urgence, force est de constater que nous n’en sommes pas là. Au mieux, les acteurs de la façade acceptent de tester leurs produits de revêtement standards pour attester leur adéquation avec des façades bois éventuellement sur structure bois. Avec le risque que cette adaptation ne capte l’essentiel des aides au détriment de l’innovation et de l’investissement créatif, qui se déroule ailleurs, notamment en Suisse et en Autriche.
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Lisez la suite de cet article dans : N° 142 - Septembre 2023