Couvrant 17 millions d’hectares1, la forêt française métropolitaine, si elle permet d’absorber 88 millions de tonnes équivalent carbone par an2, a le potentiel de capter plus et surtout d'être davantage mobilisée dans le bâtiment. En effet, la construction bois ne représente que 3% du marché de l’habitat collectif neuf et 10% de celui de la maison individuelle. S'engageant à soutenir le développement de la filière, l’Etat a établi un plan de 18 actions, mobilisant quatre ministères : celui de l’Agriculture et de l’Alimentation, de la Cohésion des territoires, de la Transition écologique et solidaire, et de l’Économie et des Finances. Le plan vise à encourager l’innovation, à engager une gestion plus efficace et durable de la ressource forestière, et à améliorer la performance environnementale de la filière. Par sa signature et celle des régions françaises, l’Etat est aussi venu marquer son adhésion aux objectifs que la filière a fixés dans son contrat stratégique, visant à engager dans une direction commune les 60 000 entreprises françaises du secteur, garantes de 440 000 emplois directs et indirects. Dans le but de mobiliser 12M de mètres-cubes supplémentaires de bois d’ici 2026, trois projets structurants ont été définis dans le contrat.
Le premier consiste à favoriser l’innovation, autour du slogan "Cadre de vie : demain le bois", et avec une volonté d’accéder au label French Fab. L’idée est d’identifier les secteurs porteurs où le bois est encore peu présent, et d’y développer des produits bois innovants, en misant sur une collaboration entre entreprises.
Le second, le plus emblématique pour la construction bois, est la mobilisation de la filière pour la construction des ouvrages liés aux Jeux Olympiques 2024. L’opportunité est vue comme un projet pilote, qui sera l’occasion de réorganiser et de structurer la filière durablement. Cette démarche se fera de concert avec la structuration de la filière biosourcée, avec laquelle il s’agira de co-construire un projet à-même de respecter les engagements du dossier de candidature, c’est-à-dire avec 30% d’émissions de GES en moins que les JO de Londres. Pour Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, « les JO 2024 seront la vitrine du savoir-faire français des industries du bois et de l’alimentation ».
Enfin, constatant l’importance de l’import de produits étrangers - autrichiens notamment - dans le marché de la construction bois, la filière française a pris conscience qu’elle devait améliorer ses capacités de production et la qualité de ses produits. Le troisième projet consiste donc à accompagner les entreprises dans le développement de compétences, en particulier dans le domaine du numérique. Concourant au même objectif, le contrat encourage également le regroupement d’entreprises, afin de répondre aux grands appels d’offre, auxquels les entreprises françaises ont aujourd’hui du mal à répondre isolément.
En parallèle, le document est l’occasion de définir plusieurs autres défis pour la filière. Des défis environnementaux, d’abord, avec une volonté d’étendre la forêt de 1% de surface supplémentaire par an, et d’opter pour une « sylviculture durable et attentive aux enjeux environnementaux », qui prenne en compte le changement climatique. Il s’agit également de favoriser l’économie circulaire, en limitant le gaspillage et en engageant des démarches de recyclage. Afin de valoriser ces bonnes pratiques, la filière aspire à l’amélioration des méthodologies d’évaluation des cycles de vie et des performances de tous les matériaux biosourcés. Par ailleurs, elle s’engage à exploiter davantage le potentiel des feuillus, trop peu mobilisés au regard de leur prépondérance sur le sol français. Enfin, en termes de construction, l’objectif serait de doubler la part de marché du bois dans l’habitat collectif neuf, de passer de 10 à 15% de construction bois dans le secteur de la maison individuelle, et d’augmenter significativement la part de marché du bois dans les opérations de rénovation/réhabilitation. Pour cela, il faudra davantage de main d’œuvre, raison pour laquelle la filière s'engage de lancer des démarches de promotion des métiers du bois. En outre, afin de gagner des parts de marché face aux autres matériaux, la filière promet surtout de trouver des moyens de réduction des coûts.
1. source Agreste
2. source INRA 2017