Détenteur d’un record de sept prix Pritzker, le Japon est à la pointe de l’architecture mondiale depuis les années 60 où s’affirma son envol économique. Philip Jodidio, avec Contemporary Japanese Architecture, remonte à cette décennie-là pour situer l’histoire de la discipline dans l’archipel, et montrer tant ses perpétuelles mutations que certaines constantes. Il est ainsi révélateur qu’un des doyens des bâtisseurs nippons, Tadao Ando, consacré dès les années 70 comme un maître de l’architecture en béton, ait commencé deux décennies après à lui associer significativement le bois. En témoigne par exemple l’enveloppe de cèdre teinté d’un vert presque de jais ceignant le musée d’art Anno Mitsumasa (2017). Le bois tient une place notable parmi les 55 projets, de 39 architectes, par lesquels l’auteur illustre l’actualité de la scène créatrice, au moyen de notices, photos et éléments graphiques. Son usage révèle quatre points forts : audace structurelle, emprunts aux traditions constructives autochtones, mariages avec d’autres matériaux, et recours massif aux essences locales, tel le cyprès de Kiso. Les deux premiers points font alliance notamment dans le pont que Kengo Kuma a réalisé à Yusuhara (2010), structure cantilever recourant à des pièces de bois de dimensions moyennes, comme il était d’usage dans la construction japonaise. Le même architecte a associé bois lamellé et acier pour constituer la structure treillis supportant le gigantesque anneau de couverture au stade bâti à Tokyo pour les JO de 2020.