Le concours était destiné aux étudiants (seuls ou en équipe) en école d’architecture, de paysage ou d’ingénieurs, et ouvert à tout type de programmes et de localisation, pourvu que ces choix soient argumentés. Cette année, le jury était présidé par Jean de Gastines, architecte et associé de Shigeru Ban, et composé de Félicie Geslin, journaliste pour les Cahiers techniques du bâtiment, Alexandre Labasse, directeur du Pavillon de l’Arsenal, Thierry Soquet, architecte spécialisé dans la bio-conception et la construction bois, fondateur du cabinet Architecture Plurielle à Rennes, Dominique Pélissier, président directeur de Techniwood, entreprise spécialisée dans la construction de panneaux en bois innovants, Nicolas Ziesel, co-fondateur du cabinet d’architecture Koz, Jérémy Germe, architecte co-fondateur de l’agence Pseudonyme. Dans chaque projet, la qualité architecturale, la pertinence contextuelle du bois, la dimension exploratoire à son égard, la qualité de l’approche structurelle et constructive, le degré de conception environnementale, la part d’innovation, et la qualité du rendu graphique et de la maquette ont permis de départager les candidats. Parmi les dix finalistes, exposés à l’ENSA Paris Val de Seine, trois projets ont été récompensés et un projet mentionné « coup de cœur du jury ». Les trophées remis ont été conçus et réalisés par la junior-entreprise de l’École Supérieure du Bois de Nantes.
Le premier prix a été remporté par Thibaut Blondet et Émile Bruneau (ENSA Paris-La Villette), pour le projet 1750m, situé au Havre. En combinant un programme d’EHPAD Alzheimer et une école maternelle, il s’agit de créer un lieu intergénérationnel « afin que les patients retrouvent la joie de vivre en transmettant leur savoir aux enfants ». Le projet, conçu autour d’un « parcours thérapeutique » vecteur de déambulation, s’articule autour d’une rampe de 1750 mètres favorisant le lien social en faisant communiquer tous les espaces communs du projet.
Le deuxième prix a été attribué à Antoine Leriche et Duncan Driffort (ENSA Paris-Val de Seine), pour leur immeuble d’habitation intitulé Traboule Contemporaine, situé au cœur du Vieux Lyon. Inspiré des fameuses traboules lyonnaises - passages dérobés semi-privés situés sous les bâtiments, qui permettaient de relier rapidement le haut et le bas de la colline -, la traboule contemporaine est ici conçue comme un passage public, permettant aux marchés de continuer à investir la place. Les logements proposés sont pensés en bois massif chevillé, et les espaces publics en continuité avec l’existant, en pierre dorée. L’intelligence constructive repose ici sur une réflexion à propos de l’acheminement des matériaux sur le site et du phasage du chantier, visant à laisser l'espace public accessible durant la construction.
Le troisième prix a été remis à Valentin Boinet, Aymeric Brouez, et Baptiste Chauvin (ENSA Versailles), pour leur projet d’immeuble mixte intitulé la Cité Montsouris, situé en bordure de petite ceinture à l'Est du parc Montsouris. L’objectif est ici d'initier la population à la construction durable en affichant un usage ostensible du matériau bois - utilisé à 90% derrière un polycarbonate biosourcé, permettant de laisser visible la structure -, dans l’optique de « reconnecter l'usager au naturel ».
Enfin, haut-lieu des Jeux Olympiques de 1924 situé dans la plaine alluvionnaire de la boucle Nord des Hauts-de-Seine, la ville de Colombes a été choisie par Gabrielle Ledron et Léo Bourillet (Paris Val-de-Seine) parce qu’elle accueillera les épreuves de hockey sur gazon en 2024. Alors que ce sport attire laborieusement le public en dehors des Jeux Olympiques, et que l’Ouest parisien est déjà saturé en infrastructures sportives, un stade de plus de 10 000 places y est tout de même attendu. Peu compatible avec l’ambition des organisateurs de penser le réemploi durable des infrastructures post-compétition, cette réalité a résonné avec un rapport régional de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme, qui pointait il y a peu le manque d’équipements sportifs de proximité en Île de France. Face à cette ambivalence, les étudiants ont décidé de proposer un stade constitué de tribunes modulaires, qui pourrait être offertes à différentes collectivités en fin de compétition et réemployées « afin de soutenir toute initiative d’équipement sportif local à moindre coût ». Malgré un hors sujet assumé, le projet a été élu « coup de cœur du jury », et a également été particulièrement remarqué par Séquences Bois pour sa pertinence à l‘égard de l’actualité et pour son approche « empreinte minimum », résolument éthique et écologique.