Du 26 mai au 25 novembre, s’inscrivant dans le thème « Freespace » lancé par les commissaires de la Biennale, Yvonne Farrell et Shelley McNamara, les français proposent l’exposition « Lieux Infinis. Construire des bâtiments ou des lieux ? ». Ils y présentent dix lieux pionniers, nés de sites délaissés, engagés dans des processus collectifs de reconversion et d’expérimentations culturelles et sociales. L’exposition vise à mettre en lumière les explorations architecturales issues d’initiatives de la société civile et des collectivités, qui incarnent l’esprit du «Permis de faire» cher à Patrick Bouchain. On découvre ainsi la Friche de la Belle de Mai (Marseille), le Cent Quatre (Paris), l’Hôtel Pasteur de Rennes, le Tri Postal d’Avignon, les Grands Voisins (Paris), le 6B (Saint Denis), la Ferme du Bonheur (Nanterre), la Grande Halle de Colombelles, les Ateliers Médicis de Clichy-sous-bois, et la Convention d’Auch.
« L’architecture s’y exprime dans la rencontre entre des qualités spatiales préexistantes et un processus organique de transformation qui n’a de sens que s’il répond aux besoins de tous et aux désirs de ceux qui s’y engagent avec courage et détermination » expliquent les architectes. Ces lieux particuliers sont ainsi des occasions pour les praticiens de redéfinir leur rôle, qui s’apparente de plus en plus à une mission d’accompagnement, de guide.
Fidèle à lui-même, cohérent jusqu’au bout, le collectif Encore Heureux présente cette exposition au sein d’une scénographie entièrement issue du réemploi. En effet, les plaques de bois proviennent d’une œuvre immersive conçue par Xavier Veilhan pour le même lieu, lors de la dernière Biennale d’Art de Venise : le Studio Venezia, studio d’enregistrement dont les parois, du sol au plafond, formaient un paysage accidenté, tout de bois constitué. La réutilisation et la transformation de ce décor ont ainsi majoritairement été réalisées sur place, à l’aide du collectif ETC. La salle centrale est ainsi meublée de présentoirs sur tout son pourtour, sur lesquels sont présentées des maquettes réalisées par les lyonnais Make It. Au-dessus, une structure triangulée en bois soutient des panneaux inclinés, formant entonnoir vers l’ouverture zénithale. À la manière d’un cabinet de curiosités, ces parois sont supports de quelques 500 objets hétéroclites, « objets-preuves » issus des lieux présentés, ainsi vecteurs du caractère tangible et vivant de ces derniers, et des pratiques multiples qui s’y déroulent. Les pièces autour sont plus sobres, seulement meublées de quelques cimaises et bancs. Mus par la volonté de présenter des maquettes qui soient augmentées de supports de communication variés, les architectes ont fait appel à plusieurs collaborateurs. Sont ainsi affichées des chronologies dessinées par Jochen Gerner, illustrant les étapes de fabrication des projets, des cartes réalisées par l’Atelier Parisien d’Urbanisme, des photos et photomontages d’Alexa Brunet, mais aussi des vidéos, réalisées par Ronan Letourneur.